Après avoir vécu 10 ans à l'étranger avec mon mari et mes enfants, je suis revenue en 2017 dans notre petit village près de la forêt de Fontainebleau. J'étais heureuse de rentrer et de rouvrir notre maison, afin d'en faire un lieu chaleureux pour ma famille et nos amis. Mais il fallait que je prenne une décision sur ce que j'allais faire pour gagner ma vie.
J'étais attachée à mon mode de vie rural et je voulais créer des liens. J'ai commencé par fonder une association à but non lucratif avec d'autres habitants, afin de protéger notre environnement et d'empêcher l'épandage de boues d'épuration provenant d'une station de traitement des eaux usées. Ce projet fut une réussite et je me suis à nouveau sentie à ma place.
Nous avons rapidement acheté une deuxième maison dans le village pour accueillir plus d'amis et éventuellement offrir un foyer à l'un de nos enfants. Nous avons entamé une rénovation totale de cette vieille maison du XIXᵉ siècle, qui a pris plus d'un an. J'ai adoré le travail d'aménagement et c'est à ce moment-là que j'ai pensé pour la première fois à accueillir des voyageurs.
J'ai décidé de tenter l'expérience sans rien y connaître : je n'avais encore jamais été hôte, mais nous avions apprécié notre premier séjour en tant que voyageurs à Montréal. J'ai fait des recherches et j'ai essayé d'en apprendre le plus possible sur Airbnb. Je tenais à faire de mon mieux pour accueillir mes voyageurs et j'ai même pris des cours de langue avec une application pour me remettre à niveau en allemand (sans grand succès).
J'ai commencé à accueillir des voyageurs en mars 2020, juste avant le début du confinement lié au Covid-19 en France.
Quinze jours plus tard, notre président annonçait officiellement un confinement pendant deux semaines. Mon application a immédiatement sonné, et j'ai reçu deux réservations de la part de Parisiens quittant la capitale.
Ma maison compte trois logements différents. L'un d'eux a été réservé par des frères jumeaux. Tous deux passionnés d'escalade, ils voulaient passer ce moment ensemble et profiter des rochers de la forêt.
L'autre logement a été réservé par une mère de famille, ses deux enfants de 11 et 13 ans et son compagnon. Ils ont choisi de réserver pour un mois afin de profiter de la campagne et du jardin.
Le troisième logement était destiné à notre fille cadette, qui devait revenir de Bali prochainement.
J'ai fait de mon mieux pour proposer aux voyageurs un moyen sûr de partager la buanderie, ainsi que des produits écologiques pour tout désinfecter.
Avec la prolongation du confinement, la solitude s'est faite de plus en plus présente dans notre vie. En discutant par SMS, j'ai découvert que les frères jumeaux, le garçon de 11 ans et moi-même fêtions tous notre anniversaire à la même période. Nous savions alors mieux comment nous réunir sans risque. J'ai décidé d'organiser un déjeuner pour tout le monde dans le jardin avec trois tables, une pour chaque groupe, placées à une distance suffisante l'une de l'autre.
Il m'a fallu beaucoup de réflexion. Je n'ai pas cuisiné et j'ai dû acheter les aliments dans des emballages séparés pour éviter toute contamination croisée. Malgré les contraintes, la journée a été magique. Il faisait un soleil magnifique et nous avons passé l'après-midi dans le jardin, à nous raconter nos vies et nos histoires. Tout le monde a apprécié la bonne ambiance et je garde un souvenir précieux de ce moment. Cette expérience m'a permis de réaliser à quel point il est facile de faire la différence lorsqu'on accueille les voyageurs avec bienveillance.
Depuis ce jour, je me renseigne toujours sur le but du séjour des voyageurs et je fais de mon mieux pour leur offrir un accueil chaleureux et personnel. Parfois, c'est en leur proposant un dîner déjà prêt, car je sais qu'il s'agit d'un groupe de cavaliers en compétition qui ne passera pas beaucoup de temps à cuisiner. Dans d'autres cas, je me rends disponible pour recevoir les commandes qu'ils ont passées à l'occasion d'un anniversaire familial. Les interactions avec les voyageurs sont pour moi une véritable source de joie, de souvenirs et de récits personnels.
Claudia, Daniel, Tatiya et moi-même racontons comment nous luttons contre l'isolement grâce à l'accueil de voyageurs et avons hâte de lire vos propres expériences. Découvrez ci-dessous les expériences de Claudia, Daniel et Tatiya :
Delphine
(Sauf indication contraire, mes contributions sont issues de mon expérience en tant qu'hôte)