Restreindre la liberté d’entreprendre, tel est l’enjeu du débat sur l’obligation de fournir des équipements de base, semble-t-il majoritairement contestée, qu’entendait imposer Airbnb aux membres de sa centrale de réservation. A la lecture attentive des commentaires publiés, je me suis rendue à l’évidence que le malaise dépasse largement la question des équipements de base. Je saisis par conséquent l’occasion qui m’est donnée de m’exprimer sur plus d’un thème.
A propos des équipements de base, je suis d’avis que cette prestation est à mettre en regard du genre de personnes que l’on accueille. En ce qui me concerne – un appartement dans ma résidence secondaire qui en comporte deux - j’héberge en grande partie une clientèle, surtout de loisirs, voyageant en avion et louant une voiture à l’aéroport. Il est par conséquent hors de question de ne pas lui mettre à disposition tout ce qu’elle pourrait trouver dans un hôtel confortable, mais aussi, en contrepartie de l’absence d’un service de restauration, café, thé, épices et quelques denrées alimentaires. De plus, j’invite les personnes que j’hébergerai, dans un message répondant à une demande de réservation ou à une réservation confirmée, à me faire part de leurs besoins ou désirs éventuels.
La question des prix semble aussi préoccuper beaucoup de clients de la centrale de réservation Airbnb. Là encore, la liberté d’entreprendre est acquise. Certes, Airbnb «pousse au char» pour revoir ses tarifs à la baisse. Mais pourquoi accepter cette politique visant à augmenter le nombre de clients d’Airbnb? Le bon marché n’est-il pas toujours trop cher? Les personnes hébergées se montreront-elle davantage satisfaites si le prix est plus bas que celui du marché? Ne vaut-il pas mieux gagner autant (de toute manière très peu au vu de la dépense en temps exigée par ce genre d’activité) en vendant moins de nuitées?
Ceci m’amène à évoquer le thème – oh combien ridicule! - des commentaires et autres notations. Cette pratique à la mode qui s’est imposée comme une trainée de poudre ne saurait convaincre les intéressés à la tête froide. En voulez-vous un indice de preuve? En quelques mois, j’ai maintes fois expérimenté qu’à qualité de prestations égale, les notes varient considérablement. Quant aux commentaires, ils présentent deux genres d’inconvénients. Premièrement, ils sont l’expression entièrement subjective d’un ressenti à un moment précis. Secondement, ils ne correspondent que rarement à ceux verbalement exprimés, traduisant ainsi un comportement hypocrite. Me concernant, contrainte de jouer à ce jeu frisant le sadisme, puisqu’un commentaire n’est accessible que lorsque l’autre a été publié, je n’attribue que très exceptionnellement un commentaire partiellement négatif et des notes qui ne sont pas optimales. Le client n’est-il pas roi?!
Pour en finir, un mot encore sur la notion de prétendue amitié qui serait censée se nouer entre les deux parties. Pensez-vous réellement que cela ne relève pas que d’un seul concept de marketing? A mon sens, il y a autant, sinon davantage, d’opportunités d’avoir des relations amicales dans un contexte hôtelier que par l’intermédiaire d’un hébergement dans un appartement, ou une chambre, que l’on loue.
En conclusion, Airbnb, qui offre de nombreux avantages – paiement assuré, tenue d’un calendrier des réservations…) moyennant des taxes surtout prélevées chez les personnes hébergées, ne me fera pas oublier mes droits de fixer et gérer mes prestations et de faire ainsi respecter le droit constitutionnel de liberté d’entreprise.
Marie-Thérèse Page Pinto, région de Fribourg (Suisse)